Fidel Kouessi Noutéhou : « mon père m’a donné envie d’agir dans l’entrepreneuriat agricole et l’agriculture durable »

Fidel Kouessi Noutéhou. C’est son nom. Jeune entrepreneur béninois de 36 ans, il est originaire de Dogbo, au sud-ouest du Bénin. Titulaire d’un Bac A2, il s’est spécialisé dans l’entrepreneuriat agricole, notamment dans la production et la commercialisation du soja, du riz paddy, du maïs et de bien d’autres filières agricoles. C’est dans le département de l'Atacora, au nord-ouest du Bénin, limitrophe du Togo à l'ouest et du Burkina Faso au nord, qu’il s’est installé pour entreprendre et développer ses activités. Avec lui, nous parlerons de l’entrepreneuriat agricole, de l’agriculture durable et de ses activités. Entretien.

Vous êtes dans l'entrepreneuriat depuis 2016. Pourquoi vous avez particulièrement choisi le secteur agricole ?

C’est mon père qui m’a donné envie de m’engager dans l’agriculture. Pendant 10 ans, j’ai travaillé à ses côtés, pour apprendre, par exemple, les itinéraires techniques de production du soja, du riz paddy, etc.

J’ai vite compris que l’entrepreneuriat agricole est la clé du développement humain durable. J’épouse ses valeurs, notamment la solidarité, la créativité, le réseautage, l’audace d’agir pour le bien commun et l’innovation. Ma passion du monde agricole et l’envie de produire pour contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire m’ont fait voyager dans ce secteur vital. Comme le dit un adage populaire : « La terre ne ment pas ». Le développement durable de l’Afrique est dans l’agriculture.

Et vous produisez quoi concrètement ?

Nous sommes essentiellement dans la production du soja grain et du riz paddy. Nous faisons également de la pisciculture et l'apiculture.

Le développement de ces filières impacte positivement la sécurité alimentaire au Bénin. Nous produisons en grande quantité, et cela renforce la production nationale. Nos premiers clients sont les ménages. Nos produits (soja grain et riz paddy) sont vendus sur le marché national et le marché régional (Togo, Burkina-Faso et Niger).

Nos produits sont de qualité, en raison de :

- notre capacité de production

- la technologie utilisée pour la production, qui permet d'aller plus vite

- notre approche dans le cadre de la production qui n'est rien d'autre que l'approche cluster (réseau de producteurs qui sont dans une même zone géographique, qui se mettent ensemble autour d'une filière donnée pour développer le business ensemble dans un esprit gagnant-gagnant)

- l'amélioration de nos rendements

- la protection de l'environnement, de par la réduction de l'utilisation des intrants chimiques, etc.

Avez-vous pensé à la transformation ?

Bien sûr ! Vu l'importance de notre production et surtout la situation sécuritaire dans les pays frontaliers (Burkina et Niger), nous avons pensé au volet de la transformation des produits. Nous comptons faire la transformation du soja en fromages et autres produits dérivés notamment les biscuits de soja et le yaourt du soja.

Que pensez-vous de l’agriculture durable et que préconisez-vous pour qu’elle soit véritablement une réalité dans votre pays ?

L'agriculture durable est l’agriculture de demain. Nous avons la lourde responsabilité de travailler à réduire l' impact environnemental de l'agriculture. Ce qui passe par la protection de la biodiversité, par exemple.  

Pour une agriculture durable, nos solutions sont de deux ordres : les mesures d'atténuation qui consistent à réduire les émissions de GES et les mesures d'adaptation qui consistent à limiter les impacts des changements climatiques :

- réduire les intrants, en particulier les engrais minéraux de synthèse

- accroître la part des légumineuses en cultures et en prairies

- optimiser la gestion des prairies : allonger la durée de pâturage et la durée des prairies temporaires

- développer les techniques culturales sans labour

- développer l’agroforesterie, les haies, les arbres, les bosquets

- faire des économies d’énergies et de transport dans l’exploitation

- produire des énergies renouvelables

- privilégier l’autonomie protéique et réduire les apports protéiques dans les rations animales

- choisir des cultures et des variétés adaptées aux stress hydriques ou thermiques

- améliorer/optimiser les techniques d’irrigation

- privilégier des assolements qui augmentent la résilience des agrosystèmes au changement climatique

- installer des aménagements agroenvironnementaux (par exemple des bandes antiérosives qui vont limiter les impacts du ruissellement par l'eau lors d'événements climatiques extrêmes).

Avez-vous des projets ?

Nous avons trois projets phares :

- installation des clusters de production du soja et du riz paddy dans tout le département de l'Atacora, au nord du Bénin

- acquisition des machines agricoles pour accroître la production

- installation d'une unité de transformation de soja

Pour développer davantage nos activités, nous avons besoin de financements et de partenaires commerciaux crédibles.