Entrepreneuriat : Youssouf Carius, chef d’entreprise à 30 ans
Heure de publication : 16:58 - Temps de lecture : 3 min 3 s
Après avoir travaillé au sein de l’agence de notation Bloomfield Investment, Youssouf Carius a créé un fonds d’investissement, Pulsar Partners. – © Forbes Afrique.
Youssouf Carius. C’est son nom. Son parcours montre à suffisance qu’on peut effectivement partie de rien pour devenir quelqu’un si l’on le veut. Après ses études supérieures en France, il retourne dans son pays d’origine, la Côte d’Ivoire, pour créer et gérer sa propre entreprise, à 30 ans, en 2016. Il s’agit du fonds d’investissement Pulsar Partners. Découvrons l’histoire de ce jeune conscient et courageux, qui sait d’où il vient et comment se battre pour faire partie de ceux qui comptent dans la société.
Texte par : Vincent Toh Bi Irié
A 21 ans, il obtient son premier emploi dans une boîte américaine de Conseil Bearing Point, à Paris. A 22 ans, il quitte Bearing Point pour Information Ressources, une autre boîte de conseil pour les sociétés de la grande distribution. Il occupe le poste de Chef de Projet, toujours à Paris.
A 25 ans, il est débauché par la firme Accenture, un des meilleurs cabinets de conseil au monde, travaillant pour des clients aussi prestigieux que Google, Sanofi, Coca Cola, Société Générale, Peugeot. Dans cette entreprise, il peaufine son expérience, multiplie les rencontres, étoffe son carnet d’adresses, pense à ses projets futurs. A cet âge tout lui sourit. Il sort de la prestigieuse Toulouse School of Economics avec un Diplôme en Economie et une spécialisation en économétrie, statistique et actuariat.
Il ne chôme pas depuis la sortie de l’Université. Il a déjà un poste plus que confortable mais il a de nombreuses propositions d’intégrer des entreprises tout aussi prestigieuses. Mais il a une seule idée : retourner en Côte d’Ivoire pour créer sa propre entreprise. Il est encore trop jeune et doit acquérir de l’expérience et de l’endurance. Il tombe follement amoureux d’une jeune Ivoirienne et l’épouse là-bas en France. Cet amour et ce mariage accélèrent son retour en Côte d’Ivoire.
En 2013, il pose ses bagages à Abidjan. Il est repéré par le patron d’une entreprise qui n’est autre que Stanislas Zézé. Youssouf Carius rentre à Bloomfield Investment où il occupe les postes de Directeur du Département d’Analyse Economique et Chef Economiste. En 2015, il est nommé Vice-Président de Bloomfield à 29 ans. Cependant, il n’oublie pas la motivation première de son retour en Côte d’Ivoire : la création de sa propre entreprise.
En 2016, il a 30 ans quand il vole de ses propres ailes et crée, avec son épouse, le Groupe d’investissement Pulsar. Il se spécialise en investissement immobilier (résidentiel, bureaux et entrepôts). Youssouf Carius a aujourd’hui 36 ans. Depuis 6 ans, il est à la tête de sa propre entreprise qui tient encore et accroît sa surface, malgré les difficultés. Une fierté, un vrai modèle.
Son parcours ferait rêver beaucoup de jeunes. Mais ce résultat et les photos que vous voyez sont le fruit d’une enfance pas toujours facile. Youssouf Carius est un enfant de Yopougon Wassakara où il a grandi jusqu’à l’obtention du Bac, à 17 ans. C’est au milieu des bagarres, des rackets par les plus âgés, et du bruit qu’il s’est forgé un mental de battant. Mais à Wassakara, on apprend la solidarité entre personnes défavorisées. On partage les repas le soir, on porte les mêmes sapes à tour de rôle, on se coalise pour affronter des adversaires. Son père tailleur et sa mère ménagère avaient peu de ressources. Grâce à un membre de famille, il intègre le Lycée Mermoz. Mais au contraire de la plupart de ses amis pendant que les autres rentrent dans leurs familles à Cocody, lui, il « décompose » les bus pour arriver à Wassakara. Gare Sud Plateau, Gare Nord Adjamé, arrêt Yopougon Sable. Souvent grand détour par le bateau bus. Cette bataille quotidienne n’est cependant rien pour Youssouf à côté des souffrances des amis de quartier. Il n’est pas donné à tout le monde de fréquenter une école française.
En France, après le Bac, Youssouf Carius, comme tous les étudiants, fait de petits boulots pour faire face à ses dépenses. Il est plongeur dans l’un des restaurants Buffalo Bull de Toulouse. Il occupe une minuscule chambre sans douche ni toilettes et mal chauffée en hiver. Faute de moyens, il ne revient pas en Côte d’Ivoire pendant toutes ses études universitaires. Aujourd’hui, voilà Youssouf. Moralité : L’homme est le produit de ses propres rêves. Jeunes étudiantes, jeunes étudiants, Youssouf Carius, l’enfant de Wassakara, vous dit : c’est dur, mais bossez, concentrez-vous, car demain sera radieux. Que vous soyez à Toulouse, à New York, à Abobo Derrière Rails, à Sempurgo ou à Toupah, les études sérieuses, avec conscience et abnégation, peuvent vous mener au même résultat.
Le titre et le chapeau du texte sont produits par la Rédaction.