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COP15 au Canada : obtenir des financements conséquents pour préserver la biodiversité en Afrique


Heure de publication : 18:20 - Temps de lecture : 4 min 3 s

António Guterres, secrétaire général des Nations unies (ONU), à l’occasion de la cérémonie d'ouverture des travaux de la COP15 sur la biodiversité, à Montréal, au Canada, ce 7 décembre 2022. – © AP - Paul Chiasson.

Texte par : Thalf Sall

Ouverture ce jour, mercredi 7 décembre 2022, à Montréal, au Canada, de la 15ème Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations unies. Au menu : la protection de la nature et les moyens de mettre un terme à la perte de biodiversité partout dans le monde, notamment en Afrique. La question du financement est au cœur des débats et discussions.

La biodiversité africaine est exceptionnelle, avec de nombreux mammifères et plantes endémiques. Immensément très riche en forêts tropicales, savanes, prairies de montagne, mangroves, déserts et zones humides, l’Afrique fait face à des menaces anthropiques réelles. Tout son patrimoine naturel est sous pressions du dérèglement climatique, de la hausse démographique et de la course aux ressources. Les données sont inquiétantes. A en croire la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), 8 des 34 foyers de biodiversité répertoriés dans le monde se trouvent en Afrique. Selon la même source, ceux de Madagascar et des îles de l’océan Indien sont parmi les plus menacés. Face à ce tableau sombre, l’urgence est à l’action concrète pour sauvegarder la nature.

Réunis à Montréal, au Québec, siège du Secrétariat de la CDB des Nations unies, du 7 au 19 décembre 2022, négociateurs et ministres mobiliseront la communauté internationale autour d’actions urgentes à mener, notamment dans les pays en développement. La priorité est à la mobilisation de ressources financières. Pendant ces assises, les représentants des pays pauvres discuteront avec ceux des pays riches pour obtenir, de leur part, des engagements clairs de financements d’ici à 2030.

Présent à l’ouverture officielle des travaux, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé la communauté internationale à agir maintenant et tout de suite : « Avec notre appétit sans limite, pour une croissance économique incontrôlée et inégale, l'humanité est devenue une arme d'extinction massive. Nous traitons la nature comme s'il s'agissait de toilettes. Et nous nous suicidons par procuration. Car la perte de biodiversité s'accompagne d'un coût humain extrêmement fort. Un coût que nous mesurons en voyant les emplois perdus, la faim, la maladie et les morts. Cette conférence est notre chance d'arrêter cette orgie de destruction. De passer de la discorde à l'harmonie. Et de mettre en pratique l'ambition et l'action qu'exige ce défi. Pas d'excuses. Pas de report. Il est temps de signer un pacte de paix avec la nature. »

Actions concrètes déjà mises en œuvre en Afrique

Dans des pays comme la Mozambique, le Gabon, la Tanzanie et l’Afrique du sud, le Groupe de la Banque mondiale met en œuvre des projets concrets pour assurer une meilleure conservation et une gestion plus durable de la biodiversité. Des investissements sont faits dans la gestion des bassins versants et la gestion intégrée du littoral et des aires protégées. Le Groupe de la Banque mondiale aide aussi ces pays à faire fructifier leur biodiversité pour générer des revenus qui permettront à la fois de financer le coût de la gestion de ces ressources et d'améliorer l'économie locale, en promouvant, par exemple, le tourisme ou en mettant en place un système de paiement des services environnementaux. L’amélioration de la gouvernance des forêts, l’intégration de la valeur physique et financière du patrimoine naturel dans les processus décisionnels et la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, dans le but de protéger la valeur du tourisme vert et, partant, la résilience des populations vivant en lisière des aires protégées sont d’autres réponses apportées aux maux qui minent la biodiversité sur le continent.

 

Résultats obtenus

 

En Afrique, la Banque mondiale est l’un des principaux bailleurs de fonds pour la conservation de la diversité biologique, agissant à travers le Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Dans ce cadre, elle met en œuvre une cinquantaine de projets dans différents pays, pour une enveloppe d’environ 360 millions de dollars.

Au Mozambique, elle apporte son soutien au programme d’aires protégées pour la biodiversité et le développement (MozBio) du gouvernement. Des aires ont été définies pour protéger les différents habitats naturels du pays, comme son littoral et ses récifs coralliens exceptionnels, et plus de 6 000 espèces de végétaux, d’oiseaux et de mammifères. Plus de 60 000 personnes ont bénéficié de cet important programme. La seconde phase du programme, qui prendra fin en 2023, accompagnera surtout les communautés rurales.

Du côté du Gabon, il a été question de renforcer la conservation de la biodiversité dans les parcs, les zones tampons et les forêts humides. Les initiatives prises dans ce cadre ont permis d’améliorer la connaissance et l’expertise des organismes chargés de la conservation de la nature et mis en place un système efficace de surveillance des écosystèmes dans les zones humides, afin d’assurer une gestion durable de ces ressources. Les activités rémunératrices chez les femmes et les hommes ont permis de faire reculer la pêche illégale et le braconnage et de promouvoir des comportements écoresponsables auprès des communautés locales.

 En Tanzanie, les communautés de pêcheurs reçoivent des aides à travers le projet SWIOFish (220 millions de dollars). Celles des Comores, de Madagascar, des Maldives, du Mozambique et des Seychelles en bénéficient aussi. Ce qui permet d’augmenter les revenus de la pêche, de reconstituer les stocks de poissons, de rétablir des moyens de subsistance et de réduire fortement la pêche à l’explosif.

En Afrique du Sud, l’aide de la Banque mondiale est allée dans le fonctionnement du parc de la zone humide d’iSimangaliso, un site du patrimoine mondial de l’UNESCO. L’objectif ici est d’optimiser les fonctions écologiques du lac Sainte-Lucie et de créer des emplois durables pour les habitants vivant dans et autour du parc, dont 75 entreprises compatibles avec sa conservation.

Ces actions ne suffisent pas pour sauver la nature en Afrique. Il en faudra plus pour avoir des résultats reluisants et substantiels. Car les conséquences de la dégradation des terres et des mers sur les populations, les espèces animales et végétales sont néfastes. La conférence des Nations unies sur la biodiversité qui se tient en ce moment au Canada doit pouvoir apporter des réponses concrètes aux défis liés à la biodiversité sur le continent. Il est temps d’agir efficacement.


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