Madou la Daronne, artiste-chanteuse d’origine béninoise : 26 ans de carrière bien remplie
Heure de publication : 18:30 - Temps de lecture : 5 min 56 s
Madou la Daronne, la Cute Mama, de son vrai nom Isbath Jinadou épouse Diarra, est une artiste-chanteuse béninoise. – © Madou la Daronne.
Propos recueillis par Jean-Etienne Dirney
Présente sur la scène internationale depuis 1996, son premier album a été un grand succès qui lui a valu plusieurs prix ! Le titre "Dotou Nifa" fut une bombe musicale. Elle est l'une des artistes-chanteuses béninoises les plus actives avec sept albums et une cinquantaine de titres vendus dans le monde. Née un 6 septembre à Abomey-Calavi, au sud du Bénin, à 18 kilomètres au Nord de Cotonou, au-delà de la scène musicale, elle est aussi connue pour ses œuvres littéraires et humanitaires. Madou la Daronne, la Cute Mama, de son vrai nom Isbath Jinadou épouse Diarra, est la nouvelle invitée de votre rubrique "La femme du mois". Elle nous parle, sans langue de bois, de sa carrière, de son actualité, de ses projets, de sa vie en Côte d’Ivoire et de ses relations avec ses mentors et collègues tels que Nel Oliver, Angélique Kidjo, Saboghan Danialou, le groupe Teriba, Zeynab Habib, Oluwa Kèmi, etc. Passionnée de lecture, d’écriture, de la marche, du shopping et des plats africains, elle annonce son grand retour sur la scène musicale béninoise le 20 août 2022, à travers un géant concert à Cotonou. Humble, généreuse, forte et courageuse, Madou la Daronne rêve de voir des femmes à la tête des pays africains pour mieux « protéger les peuples ». Entretien exclusif.
Votre carrière a commencé en 1996. Comment expliquez-vous votre passion pour la musique ?
Effectivement, ma carrière a démarré le 28 février 1996. Mais j’étais déjà présente dans le milieu artistique depuis le collège d’enseignement général de Gbégamey, à Cotonou. Ensuite, j’avais fait presque tous les groupes musicaux professionnels de Cotonou et environs. Je pense que c’est naturel, cette addiction musicale. Selon mes parents, depuis mon enfance, à l’école primaire, j’avais un petit quelque chose de plus qui me différencie de mes frères et sœurs. J’étais pleine d’énergie avec ce courage qui fait de moi, « une pagailleuse, comique et turbulente ». Au son de la musique, je n’hésitais pas à m’exhiber devant mes camarades, même sur le chemin de l’école. Je pense que si je n’étais pas chanteuse et si la passion pour l’art n’avait pas pris le dessus, je serais devenue avocate car j’en avais les capacités.
Quel genre de musique faites-vous et pourquoi avoir choisi ce registre ?
Ma musique se caractérise par sa diversité. C’est un métissage de folklores authentiques, de l’afrobeat, du high-life, la juju Music, du Bénin, du Nigéria et des variétés africaines. Dénommée "Afro Music", elle présente une originalité inouïe et s’inscrit dans la World. Ce registre s’est imposé à moi, parce que je rends musicalement ce que je ressens dans mes tripes. On ne m’impose rien en musique, je participe toujours aux arrangements musicaux de mes chansons.
Vous chantez souvent pour la paix et l’amour et contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Pourquoi particulièrement ces thématiques ? Il y a-t-il d’autres sujets de société que vous développez dans vos chansons ?
Certes j'aborde souvent les thématiques comme l’amour, la paix, les violences faites aux femmes et aux enfants. Mais il y a aussi la culture, l’éducation et la santé. En écoutant mes chansons, on arrive à une conclusion d’espoir : de belles mélodies, des textes poignants de mes chansons apportent une compréhension profonde sur certaines réalités de la vie.
Aujourd’hui, quel bilan faites-vous de votre carrière, 26 ans après ?
Bien évidemment que je suis très fière de ce que je donne, depuis 26 ans, musicalement à mon pays et à l’Afrique. J’ai laissé des traces. Et ce sont ces traces qui vous ont permis de me retrouver ici en Côte d’Ivoire pour réaliser cette interview exclusive !
Combien de titres, d’albums et de distinctions honorifiques à votre actif ?
J’ai 7 albums à mon actif : Founwadjè (1996), D’un rêve à un autre (2016), You (1998), Ireti (2000), Racines (2004), Dari Djimi (2009) et Délice (2013). Le 8ème est en cours de téléchargement et sortira très bientôt pour le grand bonheur de mes fans ! Je ne compte pas mes titres, mais je pense à plus d’une cinquantaine.
En 2021, j’ai publié mon 1er roman autobiographique bilingue Français- Anglais : « Mon parcours, un challenge perpétuel… » (« My life a perpetual challenge…»), aux Editions Laha.
J’ai eu beaucoup de faits marquants au cours de ma carrière artistique, bon comme mauvais. Mais je suis du genre à oublier le pire pour garder le meilleur. Mon meilleur, c’était le 28 février 1996, à travers le titre "Dotou Nifa", hymne à la gloire de la paix et à la tolérance entre les peuples. Cette chanson me fit obtenir le Prix de la paix au Bénin par le Club Jeunesse et Progrès en collaboration avec la fédération des ONG du Bénin sous le parrainage de feu Monseigneur de Souza. Je me suis révélée au peuple béninois, qui m’a découverte et adoptée. D’où le déclic pour ma carrière en 1996, qui me propulsa parmi les grands noms qui ont marqué l’année 1996 ! Je deviens alors incontournable dans le showbiz béninois.
Des prix et distinctions honorifiques, j’en ai reçus aussi hors du Bénin, notamment en Côte d’Ivoire.
Quel est le titre qui vous rend le plus fière ?
Plusieurs ! Mais mon titre "Dotou Nifa", sorti depuis 26 ans, demeure le Best. J’ai tellement écrit de belles histoires à travers cette chanson… Inch Allah, j’écrirai encore une nouvelle entourée de mes pairs, de mes amis (es) et de mes fans. Le 20 août 2022 sera mon retour sur la scène musicale béninoise à travers un concert live dénommé : D’une époque à une autre ! Célébrons la vie, célébrons nos icônes vivants.
Depuis quelques années, vous vivez en Côte d’Ivoire. Pourquoi une telle décision ?
Souvent, le destin nous guide à arriver où nous sommes supposés être. La Côte d’Ivoire est ce lieu qui m’accueille depuis plus de 20 ans. Je suis Béninoise et Ivoirienne par alliance. La Côte d’Ivoire étant un pays de showbiz, j’en profite, selon mes moyens, pour poursuivre et promouvoir ma carrière.
Je me sens bien en Côte d’Ivoire, comme au Bénin ! J’ai été très bien accueillie dans la société ivoirienne et même dans le showbiz. Mon intégration musicale a aussi permis des featuring avec des artistes ivoiriens tels que Orentchy, Onel Mala, Eric patron, Sédric Cissé, etc. Je suis dans des associations des chanteuses. Mon cœur bat la chamade lorsque je pense à la Côte d’Ivoire. L’amour de cet ivoirien qui a fait de moi, sa Reine depuis plus de 20 ans est le meilleur sentiment qui m’anime.
Vos collègues du Bénin, êtes-vous en contact avec eux ? Angélique Kidjo, Zeynab, Danialou et autres, avez-vous de leurs nouvelles ?
Oui, nous sommes en contact d’une manière ou d’une autre. Soit par message intermédiaire et téléphone, même si ce n’est pas fréquent ; mais le cœur y est.
Le monde culturel béninois, notamment musical, comment vous le trouvez ? Paraît-il qu’il est un peu malade. De quoi souffre-t-il et que proposez-vous pour le guérir ?
Le monde musical béninois se porte bien à mon humble avis, la nouvelle génération s’active à assurer la relève. Malade dites-vous ? Le monde musical culturel béninois, le milieu paraît-il un peu malade ? Ah oui ? C’est vous qui me l’apprenez là… Rires ! Retenez juste que dans tout milieu, il y a toujours des incompréhensions. Moi, ce que je souhaite dans ce milieu, c’est que nous soyons encore un peu plus solidaires, unis, dans le respect mutuel.
Aujourd’hui, quelle est votre actualité musicale ? Avez-vous des projets ?
Les projets foisonnent toujours, seuls les moyens manquent. Cette année, dans ce mois d’août, comme annoncé précédemment, est prévu mon retour sur la scène musicale béninoise, avec un grand concert live. Nous allons ensuite sortir un single extrait de mon 8ème album pour être plus proche de mes fans béninois. Et croyez-moi, le public ne sera pas déçu !
Un dernier mot à l’endroit de vos fans en Côte d’Ivoire, au Bénin, en Afrique et partout dans le monde ?
Je leur demande de ne point lâcher l’affaire. Nul n’a le droit de décréter une retraite anticipée à un artiste tant que ce dernier possède encore toutes ses facultés. Mon plus gros souhait pour nos pays, est que règne la tolérance, la solidarité, l’amour et la paix. Vu que nos hommes politiques ont tous échoué en Afrique, mon rêve c’est de voir des femmes diriger et gouverner nos pays Africains ! Une femme qui gouverne, ne fait pas de détour, elle protège son peuple, les habitants de ce peuple qui sont tous ses enfants.
Mes sincères remerciements et ma profonde gratitude à toutes les personnes qui croient en moi et me soutiennent sur tous les plans. Merci à votre journal pour ce qu’il fait pour la promotion de la Culture Africaine au-delà de nos frontières.